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Campagne du Soldat François ARNAUD

338éme Régiment d'Infanterie





François ARNAUD est appelé au service et rejoint le 110 octobre 1907 le 108ème Régiment d'Infanterie basé à Bergerac .

Il est mis en disponibilité le 25 septembre 1909, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.


Il effectue une période au sein du 108ème Régiment d'Infanterie du 24 août au 15 septembre 1911.



Concentration et marche sur la Belgique (6 août au 20 août 1914).



Le 6 août, cinquième jour de la mobilisation, le 108ème régiment d'infanterie, prêt à entrer en campagne, quitte sa garnison de Bergerac.

Le régiment fait partie de la 478ème brigade, 24ème division, XIIème corps d'armée, armée du Nord-Est. Il débarque le 7 août dans la région de l'Argonne et s'achemine, par étapes, vers l'Est d'abord, puis vers la Belgique, par la vallée de la Meuse, lorsqu'on apprit que les allemands prononçaient leur attaque par la Belgique, sans respecter ni les traités qu'ils avaient signés, ni les neutralités qu'ils avaient reconnues.

Les 18, 19 et 20 août, le régiment est au sud des grandes forêts qui séparent la Belgique de la France. Là, il apprend qu'en deçà et au nord, la cavalerie française occupe Florenville et que, plus à l'est, les dragons allemands opèrent dans la région, couvrant et masquant de grosses colonnes.

Le moment paraît venu : l'Armée française va prendre l'offensive.



Offensive en Belgique (21 et 22 août 1914).



Précédée d'avant-gardes qui doivent tenir les passages de la Semoy et assurer le débouché du XIIème C. A. dans la clairière de Florenville, l'armée entame son mouvement offensif vers le Nord, le 22 août. L'ordre est « d'attaquer l'ennemi partout où on le rencontrera ».

Le 108ème forme l'avant-garde de la division et traverse la forêt d'Herbeumont. Les renseignements de la cavalerie se précisent : c'est d'abord un escadron de uhrlans qui est signalé, marchant de Neufchâteau sur Bertrix, puis des fantassins ennemis qui vont atteindre Nevraumont.

A onze heures, le 1er bataillon, arrive devant Nevraumont ; accueilli par quelques coups de fusil, il se déploie et progresse assez rapidement sur le village, soutenu par les 3ème et 2ème bataillons qui s'engagent à sa droite. L'assaut est donné vers treize heures ; sous la poussée du 108ème et de son voisin le 50ème d'infanterie, appuyés par l'artillerie, l'ennemi cède et se retire dans la direction de Rossart, non sans défendre opiniâtrement le terrain.

A dix-huit heures, un nouvel assaut nous rend maîtres de Rossart, où le régiment prend position ; assauts splendides contre l'allemand déjà terré, caché, inaugurant, dès les premiers jours, ses tranchées qui seules lui permettront de résister à l'élan de notre infanterie.

La journée a été dure, les pertes lourdes ; les cadres ont particulièrement souffert. Telle fut cette première journée de bataille où le 108ème reçut le baptême du feu, où il eut la joie de voir reculer l'ennemi sous sa pression.



Repli jusqu'à la Marne (23 août au 6 septembre 1914).



Dès le 22 août, au soir, le régiment reçoit l'ordre de quitter le terrain si glorieusement conquis et si chèrement acheté. C'est avec un serrement de cœur indéfinissable qu'il retraite sur le chemin parcouru le jour même dans l'espérance de la victoire. Pendant treize jours, l'armée reflua par les routes qu'encombraient les caravanes des paysans en fuite, et derrière elle, les bourgs et les villages flambaient.

Le 24 août, le régiment se bat, le matin, sur la route de Chassepierres et, le soir, à Carignan. Après ces coups de boutoir qui arrêtent l'ennemi, il se replie la nuit, sur Mouzin où, très éprouvé par les combats de la veille, il se reforme. Le 26, il prend part à l'organisation des positions qui doivent permettre à l'armée de résister sur la rive gauche de la Meuse.

Le 27, nouveau combat devant le bois de l'Hospice où il contient l'ennemi. Par ordre encore, il se retire le 28 sur La Besace et, le 29, sur la ferme Saint-Denis. Le 31, il attaque sur la route de Vouziers-Le Chesne et ne rompt le combat qu'à la nuit. Ramené sur Maisons-Rouge le soir même, il y reçoit l'ordre de se replier sur la rive gauche de l'Aisne, en vue d'une prochaine offensive, par Vouziers et Monbois ; il se rend à Maure d'abord, vers Somme-Py ensuite, où il bivouaque le 1er septembre.

Le 2 septembre, il est à cheval sur la route Saint-Souplet-Saint-Hilaire-le-Grand, près de l'Epine Lambert : l'ennemi attaque furieusement, mais ne peut arriver à franchir La Py. Le repli continue le 3, sur Saint-Etienne au Temple, le 4, sur Pogny et sur Ableaucourt, le 5 sur Chatel-Raould. Le 6, il dégage le 107ème régiment d'infanterie, son voisin, qui a été furieusement attaqué à Frignicourt.



Bataille de la Marne (7, 8, 9 et 10 septembre 1914)..



La bataille de la Marne commence. Dans la nuit du 6 au 7, le 108ème entre dans la composition de l'arrière-garde qui va se transformer en avant-postes : il se trouve donc à une place d'honneur.

Le 7 septembre, un bataillon occupe Courdemange, un autre le Mont Moret ; le troisième se tient au nord de Chatel-Raould. Dès 7 heures, le régiment est attaqué près de Courdemange, dans Huiron; il ne cède pas un pouce de terrain. Des renseignements de cavalerie signalent bientôt la marche de deux autres colonnes sur Huiron et d'une troisième sur Courdemange. Toutes ces colonnes attaquent ensemble, et peu à peu le combat s'étend sur tout le front du régiment. La bataille est d'une extrême violence. Le 108ème tient avec la dernière énergie sur ses positions, malgré des pertes sévères.

Le 8 septembre, au matin, une reconnaissance envoyée sur Huiron revient vers quatre heures, suivie de près par l'ennemi qui a refoulé les avant-postes de combat de la cote 130. Ce mouvement de repli découvrait le flanc gauche qui ne tardait pas à être violemment attaqué sur toute la lisière du village de Courdemange.

La partie ouest de Courdemange, est tenue par les 4ème, 1ère, 12ème Cies et un peloton de la 26 ; tous s'y maintiennent au prix d'efforts héroïques, empêchant l'ennemi de déboucher. Mais les allemands ont pénétré par le parc situé au centre du village et débordent la position, nous forçant à nous replier par échelons vers Chatel-Raould, où le 2ème bataillon est déployé à la lisière nord. A ce moment précis, le 126ème, venant du sud, se porte à l'attaque.

Le 9, vers 21 heures, l'attaque de l'ennemi cesse. Le régiment couche sur ses positions. Certains renseignements signalent la lassitude de l'ennemi. La journée a été extrêmement dure.

Le 10, les 2ème et 3ème bataillons recoivent l'ordre de s'emparer du bois de Montilleux ; appuyée par une forte artillerie, cette attaque réussit pleinement : la position est aussitôt organisée, ce qui permet de repousser dans la nuit une violente attaque du 21ème régiment prussien.

Le 11 au matin, le calme est complet sur tout le front ; l'ennemi est vaincu et a commencé son mouvement de retraite pendant la nuit. La plus grande bataille de l'Histoire, la bataille de la Marne, est gagnée : l'allemand recule, la rage au cœur.



La poursuite (11, 12, 13 et 14 septembre 1914).



L'ordre qui est donné maintenant est de poursuivre énergiquement l'ennemi. Le régiment traverse Courdemange, suit la grand-route de Brienne à Vitry et s'arrête, le soir, à Blacy. Quelques heures de repos et, le lendemain, 12 septembre, par Couvrat et Vanault-le-Chatel, il arrive à Bussy-le-Repos.

Le 13, par Auve et Valmy, il atteint Somme-Bionne. Enfin, le 14, il est dirigé sur Wargemoulin, où il s'arrête et cantonne le 15.

Sur son axe de marche, pendant cette poursuite, le 108ème n'a rencontré aucune résistance sérieùse : c'est par une marche exceptionnellement rapide qu'il a pu suivre l'ennemi en retraite. Celui-ci, après sa défaite de la Marne, s'est retiré en toute hâte sur une position choisie, formidable ligne de repli étudiée depuis longtemps.



La guerre des tranchées.



Dès le 14 septembre, en arrivant à Wargemoulin, le 108ème se heurte à la ligne des hauteurs qui passe au nord de la Chaussée Romaine et qui ensuite, par Auberive, vient se relier à la ligne des Monts. C'est devant cette position puissante que le régiment va s'organiser, s'installer, s'incruster au terrain, du 16 septembre 1914 au 26 mars 1915, c'est-à- dire pendant le premier hiver de la campagne.

Il trouve l'ennemi installé déjà dans des tranchées : c'est un fait étrange pour nous. Nos soldats creusent des trous. individuels qu'ils relient peu à peu aux trous voisins. A quoi bon s'implanter plus profondément ? Demain, pense-t-on, la bataille se rallumera, ici ou là, et le mouvement va reprendre dans quelques heures peut-être! Cependant, les jours passent. Ni les allemands n'attaquent, ni nous. De part et d'autre, les caissons de l'artillerie sont à peu près vides, et trop de sang a coulé. Le front de plus en plus se fixe, se cristallise.

Le système défensif prend figure : il consiste en une ligne continue de tranchées, creusées à hauteur d'homme, que double, à cent mètres en arrière, une ligne de soutien et que renforcent quelques points d'appui. Nous protégeons le tout de fils de fer. La consigne est de tenir, d'user l'ennemi.

Pendant cette période, le 108ème occupe successivement trois secteurs dans la même région : au sud d'Auberive, jusqu'au 6 octobre 1914 ; un peu plus à l'ouest jusqu'au 16 ; enfin près de la ferme Moscou et près de Prosnes jusqu'au 23 mars 1915.

Les 26 et 30 septembre, deux attaques localisées sont aisément repoussées : les deux infanteries terrées déchaînent, d'ailleurs, au moindre bruit, des feux de mousqueterie ou des bordées de mitrailleuses sur tout ce qui semble vivre devant elles. La grenade apparaît.

L'hiver arrive avec la classe 1914 qui renforce nos effectifs.

Le 108ème est relevé les 23 et 24 mars 1915 ; par l'Epine et Cheppy, il se dirige sur Vitry-la-Ville, où il est embarqué en chemin de fer, les 27 et 28 mars.

Le 108ème vient de débarquer le 28 mars 1915 à Pagny sur Meuse afin de se préparer à l'offensive prévue en Lorraine.

le régiment est placé en réserve pendant les premiers jours, puis, jusqu'au 29 mai, il occupe et organise les nouvelles tranchées conquises vers Fey-enHaye et Régneville. Les 15 et 16 juin, il s'embarque à Foug.



Repos dans la région de la Somme.



Débarqué à Ailly-sur-Somme et Longueau, les 16 et 17 juin, le régiment est mis au repos à Bertangles et fait partie de la 2ème armée.



Campagne d'Artois.



Enlevé en autos-camions, le 19 juillet 1915, le régiment cantonne à Neuvillette et Canteleux, le soir. Une deuxième étape, le 23 juillet, le conduit à Habarcq et Duisans. Le 24 juillet il occupe un secteur de 800 mètres, entre le village d'Écurie et le cimetière de Neuville-Saint-Vaast.

Jusqu'à l'offensive du 25 septembre 1915, la vie du régiment n'est autre que celle de toute troupe en secteur : 4 jours dans la tranchée avancée, 4 jours en seconde ligne, 8 jours au repos dans quelque village encombré et pouilleux, puis, le cycle révolu, on recommence. Sous un bombardement continu, il faut tracer des parallèles de départ, pour permettre aux troupes d'assaut de partir face à leurs objectifs dans les meilleures conditions de rapidité et de cohésion, chaque parallèle étant pourvue de gradins de franchissement. En arrière, des places d'armes pour y rassembler à couvert, aux points convenables, les soutiens et les réserves. Des voies de communication, des organes de liaison, des dépôts de vivres, d'eau, de munitions, d'artifices, d'outils, des aménagements pour l'évacuation des blessés, sont créés de toute pièce. Dans ces lieux où l'on travaille et où l'on meurt, la besogne des fantassins est de plus en plus atroce. Les tranchées se touchent presque en certains endroits ; saillants et rentrants, les lignes s'enchevêtrent souvent. Des points de friction se sont formés qui s'élargissent comme des ulcères.


Le 25 septembre, l'offensive a lieu en Champagne et en Artois. La 24ème D. I., y prend part. Elle est sur place et va attaquer en partant du secteur où elle travaille depuis deux mois. Son objectif est la crête familière : Le Moulin, Le Télégraphe détruit, la cote 132 et, au sud de Vimy : Thélus et Farbus.

Les 1er et 2ème Bataillons sont dans le chemin d'Écurie à Neuville-Saint-Vaast, en arrière de la 48ème Brigade qui est massée dans les lignes de départ et de doublement. Leur mission est de nettoyer le terrain, d'appuyer l'action des régiments de tête et de couvrir le flanc droit de l'attaque. Le 3ème Bataillon est en réserve.

L'action commence à 12h25. Mais la résistance de l'ennemi est acharnée ; elle empêche la 48ème Brigade de progresser jusqu'à l'objectif fixé.

Le 26 septembre 1915, tous les éléments du Régiment ont été dirigés, avant le lever du jour, au nord de la route Neuville-les-Tilleuls, pour attaquer, à 17h30, la tranchée des « Cinq Saules », qui court en avant de ce village. Ce mouvement de roquage vers le nord a été extrêmement long et pénible, le terrain est détrempé, les boyaux sont encombrés. Le temps a été si parcimonieusement calculé qu'il est décidé de faire partir les unités à l'attaque des emplacements en arrière qu'elles occupent et de faire passer les vagues par-dessus les tranchées occupées par nos troupes. A l'heure fixée, en effet, les 3 Bataillons , débouchent magnifiquement en deux vagues. Mais la progression générale est arrêtée par un fort réseau de fils de fer, défendu par un feu très vif de fusils et de mitrailleuses, qui forcent les bataillons à s'organiser, la nuit, sur les positions conquises.

Les pertes sont sévères.


La résistance allemande avait été plus forte qu'il était permis de le penser. Aussi, toute opération offensive est arrêtée et le régiment va cantonner, le 28 septembre 1915, à Agnez-lès-Duisans, le 29, à Noyelle-Vion et le 2 octobre à Grand-Rullecourt et Avesnes-le-Comte.

Le 6 octobre 1915 le 108ème remonte dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast, qu'il ne quittera que le 15 mars 1916. Il faut se résignera l'évidence : la guerre de position, la guerre de siège s'installe, la guerre de mines va battre son plein, l'hiver vient. Pour horizon, la haute paroi qui suinte ou, s'ils osent parfois regarder par une fente entre deux sacs de terre, c'est l'horreur du paysage immobile où seuls semblent vivre les cadavres qui se dissolvent. Quand vient la pluie ou la neige, quelques-uns, les privilégiés, s'abritent sous un pan de tôle ondulée ; la plupart, encapuchonnés de sacs vides en grosse toile, se tassent les uns contre les autres.

Durant des jours, Français et Allemands se disputent à la grenade l'accès d'un boyau, séparés seulement par une pile de sacs à terre. Ailleurs, les lourds projectiles à ailettes des minenwerfer ravagent nos tranchées. Remonter par les boyaux, sous les shrapnels, où les terres s'éboulent quand le barda, les marmites à soupe, le rouleau de fil de fer, se heurtent aux parois et qu'ils butent et s'enfoncent dans la boue, entre deux caillebotis, et qu'il faudra le passage d'un camarade pour les tirer de ce mauvais pas.

Après avoir repoussé, le 4 mars 1916, une dernière attaque, le régiment est relevé le 5 mars et gagne, par Aubigny, Moncheaux, Vacquerie, Vacqueriette, Hesdin où il s'embarque le 16 mars, pour Montdidier.



Repos dans la région de la Somme.



Aussitôt arrivé à Montdidier, le régiment va occuper les cantonnements de Tartigny, Rocquencourt, Folleville et Quiry-le-Sec, où il se réorganise avant de s'embarquer, le 31 mars 1916, à Gannes, pour Houdelaincourt.



Bataille de Verdun.



Cantonné à Couverpuits et Biencourt, les 1er, 2 et 3 avril 1916, le 108ème est enlevé, le 4 avril, en camions, et débarqué sur la route Blercourt-Verdun, à hauteur de Baleycourt. Il bivouaque au sud du bois des Sartelles.

La bataille de Verdun est engagée depuis plus d'un mois , quand le régiment y est appelé.

Les Allemands s'en sont pris à la région considérée comme la plus paisible de notre front, à la plus redoutable en apparence, à la plus vulnérable en fait, car le renom de puissance de notre grande forteresse avait protégé jusqu'alors ce secteur et c'est pourquoi son organisation plus faible s'explique. Dans les lignes allemandes, aucun travail préparatoire à une offensive n'avait été entrepris, pas de place d'armes ni de parallèle de départ. Leur tactique a consisté à supprimer ces préparatifs pour user de la surprise. qu'ils vont accompagner d'un régime de feu terrible.

Le 21 février 1916, ayant lancé leur infanterie à l'abordage, ils obtiennent un succès indéniable en emportant nos lignes sur 10 kilomètres, s'avançant librement sur Verdun. Mais de nouvelles forces françaises sont accourues et les deux infanteries, en rase campagne, hors de toutes tranchées, se sont heurtées et désormais se heurteront sans fin, tout en travaillant, l'une et l'autre, à organiser le terrain.

Le sous-secteur de Marre n'avait ainsi qu'une organisation embryonnaire : une ligne, sur les hauteurs ouest-est, qui portent les forts de Marre, Charny, Vacherauville, puis une autre, parallèle à la première dans la vallée, elle emprunte la voie ferrée qui y court droit entre ces deux lignes : ni ligne intermédiaire, ni boyau. L'ennemi voit tout ce terrain en amphithéâtre, on n'y peut circuler que la nuit et celle-ci est courte. Aucune défense accessoire ne protège notre front, le village de Marre n'est pas fortifié. L'Allemand, caché en arrière de la côte du Talou, sait tout cela. C'est à un travail d'organisation de secteur que le régiment va s'employer jours et nuits et où il va mettre toute son activité, son ardeur, tout son cœur.

Quand il n'est pas en secteur, le régiment va passer quelques jours à Thierville ou dans la citadelle de Verdun. Ce temps est heureusement court, car la concentration d'artillerie ennemie ne s'établit plus sur une ligne, mais sur une zone, elle atteint aussi bien le vieux territorial qui camoufle un chemin aux arrière-lignes que le jeune voltigeur de la vague d'assaut. Dans cette zone, tant que le pilon tombe et retombe, et c'est partout, pas une corvée de vivres ou de munitions ne peut franchir trois cents mètres sans être décimée ; les blessés, dans les postes de secours effondrés, délirent, faute d'air, pris de frénésie collective, un quart d'eau est la vie d'un homme.

Cette zone a pourtant, au nord, une limite représentée par une étroite bande de terrain que les deux artilleries essayent d'épargner parce que les deux infanteries y luttent en mêlées, à la grenade, à la mitrailleuse, au lance-flammes et s'y disputent l'avance au mètre carré, au pas. Thierville et Verdun, le village et la citadelle, sont donc pour tous une prison, car il est interdit de sortir.

Le 13 mai 1916, dans le sous-secteur des « Quatre Cheminées », non loin de la ferme de Thiaumont, avec mission de tenir coûte que coûte, de reprendre à la grenade les tranchées perdues, d'attaquer lorsque l'ordre en sera donné. Çà et là, des tranchées qui sont des monticules, des boyaux qui sont des puits, les nappes de fils de fer sont devenues des boules recroquevillées, ni route, ni chemin, tout est nivelé. Impossible de reconnaître les premières lignes, tout a disparu.

Le Régiment tiendra et maintiendra son secteur intact. Il arrêtera, le 15 mai 1916, une tentative allemande sur ses barricades et, par deux fois, fera des prisonniers.

Relevé dans la nuit du 26 au 27 juin, il bivouaque au soleil levant, au sud de Baleycourt.



François ARNAUD passe au 338ème Régiment d'Infanterie le 15 juin 1916.





Le 15 juin le 338ème R.I. se rend dans le secteur de Gerbigny (Somme) et relève au nord de l'Avre un bataillon du 288ème et un groupe de cavaliers. Le 27 juin il repousse un coup de main ennemi. le 31 les Allemands renouvellent leur tentative mais sont repoussés en laissant deux morts sur le parapet.

En août le régiment occupe le secteur de Maurecourt.

Après une période d'instruction au camp de Crévecoeur, le régiment est enlevé en camions automobiles le 19 octobre et est transporté à Harbonnières, il relève les éléments de la 49ème brigade le 26 octobre.

L'attaque d'Ablaincourt a lieu le 7 novembre et malgré le mauvais temps elle réussit. Etant en réserve le régiment a peu souffert, il relève le 278ème sur le nouveau front devant Pressoire et le Bois Kralz.



Combat de Pressoire.



Le 15 novembre, après une violente préparation d'artillerie, les Allemands attaquent sur le Pressoire et le Bois de Kralz. Ils réussissent à s'infiltrer dans le village, le combat devient acharné. Les éléments en réserve du 6ème bataillon contre attaquent dans la direction de Pressoire mais ils sont décimés par le feu de l'artillerie ennemie. Ils réussissent néanmoins à rejoindre la 13ème Compagnie en réserve au crrefour ouest du village.

L'action reprend à 23h00 et 4 heures plus tard la situation est complètement rétablie. Les pertes de la journée furent lourdes.

A la fin de 1916 le régiment se trouve dans le secteur de Guerbigny.


Pendant le recul allemand, en mars 1917, le 338ème prend une part dans la poursuite. Le 19 il entre dans Roye. Le recul allemand continue, le régiment se rend à Villette où il est employé à la réfection des voies de communication.

Pendant le mois d'Avril, le 338ème chargé d'assurer la surveillance de la région cotière se trouve à l'ouest de Dunkerque. Revenu à l'intérieur au début du mois de mai, le régiment entre en ligne les 13 et 14 mai dans la région de Soissons et se met immédiatement à organiser le terrain récemment enlevé aux Allemands.



Moulin de Laffaux.



Le 16 mai, à 4h00, les Allemands ont déclenché une attaque vigoureuse sur tout le front de la division qui a eu pour résultat la perte de notre ligne avancée.

Les contre attaques s'organisent. Le 4ème bataillon pousse sur le moulin de Laffaux, le 5ème bataillon attaque dans la direction sud-nord. Les unités s'élancent à 12h15. La résistance de l'ennemi rend la progression très dure. A 15h30 une section de la 17ème Compagnie réoccupe le moulin de Laffaux dont l'ennemi ne réussit pas à la déloger.

Nos pertes sont sensibles.



Vauxaillon - Mont des singes.



Le 15 juin 1917, le 338ème entre en ligne dans le secteur de Vauxaillon, sur un terrain très accidenté il occupe la ligne Hiddenburg que les Allemads ont perdue.

Le 20 juin à 3h50 après un violent bombardement, accompagné de jets de liquides enflamés, les Allemands attaquent le 338ème et lui enlèvent la première ligne. Le régiment contre attaque. Le 26 juin, après une demi-heure de préparation d'artillerie l'attaque est lancée. A 10h00 la situation est complètement rétablie.

Des pertes sérieuses sont subies : 7 Officiers sont tués.

Après une semaine de repos, le 338ème rentre en ligne dans la région de Saint Quentin. Au mois d'octobre il se trouve dans la région Chantilly-Creil. A la fin de 1917 il se trouve en ligne dans la région de Vendeuil-Travecy.


Le 22 mars 1918 le régiment reçoit l'ordre de retarder la progression de l'ennemi dans la région Beaulieu-Fréloy la Lannelerie. Le 25 mars, à 7h00, les Allemands se sont infiltrés dans le Bois de l'Hôpital et le 6ème Bataillon est envoyé pour rétablir la situation.

Cependant le combat devient de plus en plus violent, le régiment se défend pied à pied faisant couter cher à l'ennemi chaque pouce de terrain. Le repli ne commence qu'à 18h00.

Après avoir tenu un secteur dans la région de Saint Dié, le régiment est enlevé en chemin de ferà Bruyères pour débarquer ans la forêt de Villers-Cotterets, le 20 juillet.





François ARNAUD décède le 2 avril 1918 à la Berlière (Oise).



Il est cité à l'ordre du régiment : soldat dévoué et courageux, toujours volontaire pour les missions périlleuses, tombe glorieusement au champ d'honneur le 2 août 1918.

Croix de guerre, m'édaille de bronze.


Un secours de 120 Frs est payé à la famille le 24 mai 1918.